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Matthieux

10 mars 2007

Le talon d'Achille

C'est un cerveau un peu étrang[e]
Entouré de petites frang[e]s.

Regarde la,
Regarde la !

Ses nerfs optiques sont des fleurs
Posés sur des vases rêveurs.

Un peu plus bas,
Un peu plus bas !

Elle a un[e] langue qui s'affol[e]
Au milieu de lèvres qui coll[e]nt.

Encor[e] plus bas,
Encor[e] plus bas !

Sa pomme d'Adam form[e] un[e] poir[e]
Au creux de son cou en ivoir[e]...

Moi,
C'est l'intérieur
Que je préfèr[e]
Car c'est fondant
Et déroutant...
Toi,
c'est l'extérieur
Qui t'indiffèr[e]
On est peut-êtr[e]
Fait pour se plair[e]...

Elle a un coeur en nénuphar
Sous un téton un peu blafard.

Regarde la,
Regarde la !

Des intestins comme un serpent
En cage dans un ventr[e] d'enfant.

Un peu plus bas,
Un peu plus bas...

Son estomac fait des claquett[e]s
J'entends du bruit ; elle se sent bêt[e].

Encor[e] plus bas,
Encor[e] plus bas...

Elle a un point en form[e] de clown
Enterré dans une pierr[e] de lun[e]...

Moi,
C'est l'intérieur
Que je préfèr[e]
Car c'est fondant
Et déroutant...
Toi,
c'est l'extérieur
Qui t'indiffèr[e]
On est peut-êtr[e]
Fait pour se plair[e]...

Ses muscles miment les dauphins
Dans ses deux cuisses souterrains.

Regarde la,
Regarde la !

Elle a des genoux en oiseau
Qui tiennent ses jambes ciseaux.

Un peu plus bas,
Un peu plus bas.

Ses tibias sont deux grands arbust[e]s
Dans des guépièr[e]s noir[e]s et robust[e]s.

Encore plus bas,
Encore plus bas.

Son talon d'Achille murmur[e]
Je caresse la plant[e] des murs...

Moi,
C'est l'intérieur
Que je préfèr[e]
Car c'est fondant
Et déroutant...
Toi,
c'est l'extérieur
Qui t'indiffèr[e]
On est peut-êtr[e]
Fait pour se plair[e]...



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2 mars 2007

Le testament

On a ouvert le testament
De la regrettée Grand-Maman
Assis dans nos petits souliers
On regarde tous les papiers
Le notaire a l'air éloquent
Avec ses lunettes en argent
Il articule la lecture
On se concentre en pâture.

Les morts ont leurs amours secrets
Leurs enfants sages préférés
Dont le nom s'écrit à la craie
Sur le tableau écartelé.

On a ouvert le testament
De la regrettée Grand-Maman
On sent les larmes remonter
Mêlées d'espoir et de gaieté
Qui de nous tous a-t-elle aimé ?
Serais-je enfin son préféré ?
On fix[e] la lettre en reculant
Avec l'envie d'être dedans.

Les morts ont leurs amours secrets
Leurs enfants sages préférés
Dont le nom s'écrit à la craie
Sur le tableau écartelé.

On a ouvert le testament
De la regrettée Grand-Maman
Le notair[e] n'est pas très précis
Il ne prend pas les mots d'ici
Mais marmonn[e] avec un air mou.
On ne comprend ri-en du tout
Qui sait "Quotité disponible ?"
Il commenc[e] à être pénible.

Les morts ont leurs amours secrets
Leurs enfants sages préférés
Dont le nom s'écrit à la craie
Sur le tableau écartelé.

Ca y est, on a enfin compris
Nous sommes tous les yeux rougis
Les mal aimés à tout jamais
Les trop aimés qui sont gênés
Le notair[e] ne s'en rend pas compte
Il nous fait signer tous les comptes
Et toi Grand-maman tout là-bas,
Tu nous regard[e]s... ou peut-être pas.

Les morts ont leurs amours secrets
Leurs enfants sages préférés
Dont le nom s'écrit à la craie
Sur le tableau écartelé
.

27 février 2007

Le prix de Diane

Nous nous sommes retrouvés
Au Prix de Diane en été
Je portais un costume blanc
Tu aimais les faux diamants.

On a mangé des p’tits fours
Au milieu de grands vautours
On s’est saoûlé au champagne
Dans des coupes de campagne.

C’était chic,
Magnifique,
Le Prix d’ Diane,
Le Prix d’ Diane.

Au milieu de la grande’ piste
On a dressé notre tente
On grignote sur le pouce
Avant le départ des courses. 

Confinés dans notre niche
On écoute les pouliches
Tu enlèves’ ta robe’ blanche
J’ai gagné la première’ manche.

C’était chic,
Magnifique,
Le Prix d’ Diane,
Le Prix d’ Diane.

Les jumelles sont braquées
Les juments prêtes à tuer
Mon baiser dans ton corps blanc
Tes mains nues sur chaque flanc.

Ca galope’ vers notre niche
Les femmes’ belles’ et les hommes’ riches
Applaudissent’ et s’époumonent
Un sabot crève’ et te cogne.

C’était chic,
Magnifique,
Le Prix d’ Diane,
Le Prix d’ Diane.

Ta robe est devenue rouge
Les pompiers veulent’ que je bouge
Je m’accroche’ à ton chapeau
Je n’reconnais pas ton dos.

Les pouliches’ sont maîtrisées
Mais elles’ ne s’ront pas piquées
Ce ne sont pas des pittbulls
Encor’ moins de braves mules.

C’était chic,
Magnifique,
Le Prix d’ Diane,
Le Prix d’ Diane.

27 février 2007

LES CARNETS

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Des microscopiques histoires
Des bleues que je ne relis pas
Des ros[e]s dont j'ne me souviens pas.

J'aim[e] écrire dans des carnets noirs
L'acupunctur[e] de ma mémoire
Avec des aiguill[e]s de fil blanc
Qui ne piqu[ent] pas ; je fais semblant.

*

Je ne sais pas pourquoi j'écris
Je ne sais pas pourquoi tu cries
Oui, je détruis tous mes carnets
Je crois que c'est pour m'évader.

*

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Que je disperc[e] dans ma mémoire
Après les avoir dévorés
Pour le goûter, à la récré.

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Que je transform[e] en une histoire
Mes douze ans en rob[e] de papier
Mes vingt ans aux objets trouvés.

*

Je ne sais pas pourquoi j'écris
Je ne sais pas pourquoi tu cries
Oui, je détruis tous mes carnets
Je crois que c'est pour m'évader.

*

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Que je distribue tous les soirs
A mes amis, aux inconnus
Pour qu'ils les cach[ent] sous des statues.

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Que je dépose sur la Loire
Couleront-ils dans une ronde ?
Ou feront-ils un tour du monde ?

*

Je ne sais pas pourquoi j'écris
Je ne sais pas pourquoi tu cries
Oui, je détruis tous mes carnets
Je crois que c'est pour m'évader.

*

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Sans les garder dans une armoire
En faire de petits avions
Les transformer en papillons.

J'aim[e] écrir[e] dans des carnets noirs
Que je dépos[e] sur le trottoir
Avant de courir sur le sable
Presque nu comm[e] dans une fable.

*

Je ne sais pas pourquoi j'écris
Je ne sais pas pourquoi tu cries
Oui, je détruis tous mes carnets
Je crois que c'est pour m'évader.

27 février 2007

LA BELLE-MERE

C’est un caveau étroit
Dans lequel on empile
Tous les cercueils de bois
Comme une tour fragile.

Un caveau qui éclot
Les matins de nuits blanches
Tout au fond de l’écho
Est tombée une branche.

Je veux par testament
Déplacer ma maman
Pour être près de toi
Dans le caveau étroit.

C’est un caveau sans dents
Qui avale mécanique
Son mari, sa maman,
Et elle, qui panique
Car elle voudrait la place
Occupée par sa mère
Pouvoir être face à face
De son doux, tendre et cher.

Je veux par testament
Empêcher ma maman
De rester entre nous
Jusqu’au fond de ce trou.

Ce matin, il fait froid,
On coupe dans le ciment
Les squelettes en émoi
Jeter les miettes d’enfants
Décoller les pétales
Retourner en arrière
La glisser comme une balle
Entre l’homme et la mère

Je veux par testament
Relever ma maman
Et me laisser glisser
Pour avoir un baiser

On ferme le caveau
Allumer la lumière
Frapper fort au carreau
Attendre sa belle-mère
Cette amante souterraine
Découvrir déconfit
Son épouse mondaine
Qui attend dans le lit.

Je veux par testament
Empêcher ta maman
De se mettre devant
L’érotique Belle-Maman
.

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27 février 2007

TE SOUVIENS TU MAMAN DE CE JOUR A L'EGLISE ?

Te souviens tu maman de ce jour à l’église ?
N’avais tu pas compris ? je n’étais pas éprise.
Cet homme poivre et sel, aux lunettes ovales
Au sourire figé, conversation banale.

Qui faisait-il rêver ?
Qui faisait-il rêver ?

Te souviens tu maman de mon text’ à l’église ?
N’avais tu pas compris ? je n’étais pas conquise.
J’écrivais qu’à vingt ans on aime par passion
Au contrair’, à trente’ ans, on aime de raison.

Qui cela fait rêver ?
Qui cela fait rêver ?

 Maman, tu m’avais dit
Quand j’étais petite’ fille :
« Je ne te laiss’rai pas
Faire des mauvais pas. »
Maman j’aurais rêvé
Que tu cries au curé :
« Ma fille n’ se marie pas
Pas avec cet homm’ là. »

Te souviens tu maman de ma robe’ à l’église ?
N’avais tu pas compris ? Elle était couleur grise.
Je n’étais pas en blanc, je n’étais pas en noir,
J’étais entre les deux, coupée dans mon espoir.

Qui me fera rêver ?
Qui me fera rêver ?

 Te souviens tu maman du témoin à l’église ?
Cet ami inconnu qui me faisait la bise
Rencontré en avril deux mois avant la messe
Fallait-il annuler ? Et fair’ un pataquès ?

Lui me faisait rêver.
Lui me faisait rêver.

 Maman, tu m’avais dit
Quand j’étais petite’ fille :
« Je ne te laiss’rai pas
Faire des mauvais pas. »
Maman j’aurais rêvé
Que tu cries au curé :
« Ma fille n’ se marie pas
Pas avec cet homm’ là.
»

Te souviens tu ma fille quand tu avais vingt ans ?
Tu m’avais demandé de te fair’ un serment
Ne plus tenir ta main et te laisser marcher.
Te laisser décider. Te laisser trébucher.

Je t’ai laissé tomber.
T’ai-je laissé tomber ?

27 février 2007

LA LANGUE

Je sais que tu sais que je t'aime
Tu sais que je sais que tu m'aimes

 Mais
Comme deux grands ours empaillés
Comme deux giraphes étriquées
Comme deux puces fatiguées
Comme deux limaces' écrasées
On tir' la langue
On tir' la langue.

Je sais que tu sais que je t'aime
Tu sais que je sais que tu m'aimes.

 Mais
Comme deux enfants énervés
Comme deux vieillards agacés
Comme deux clochards affamés
Comme deux amants enragés
On mord la langue
On mord la langue.

Je sais que tu sais que je t'aime
Tu sais que je sais que tu m'aimes.

Mais 
Comme deux assiettes cassées
Comme deux verres ébréchés
Comme deux fourchettes jetées
Comme deux couteaux aiguisés
On coupe’ la langue
On coupe’ la langue. 

Je sais que tu sais que je t'aime
Tu sais que je sais que tu m'aimes.

 Mais
Comme tous les jours de l'année
Comme en hiver et en été
Comm' à chaqu' heur' de la journée
Comme toujours à l'instant T
On roul' la langue
On roul' la langue.

27 février 2007

JE MARCHE DERRIERE TOI

Je marche derrièr' toi sans poser de questions
Comm' un petit garçon qui mange des bonbons
Je regarde ton dos comm' un grand horizon
Immuabl' et tranquille en toutes saisons.

Devant toi, il y a...
Devant toi, il y a...

 Elle creuse' un premier trou au niveau de ton sein
Une’ lumière surgit de ton dos en étain
Tu te retourn' vers moi et me fais un clin d'oeil
Je souris sans savoir que tu trembl' comm' une feuille.

***

Je marche derrièr' toi sans poser de questions
Comm' un petit garçon qui mange des bonbons
Je regarde ton dos comm' un grand horizon
Immuabl' et tranquille en toutes saisons.

Devant toi, il y a...
Devant toi, il y a...

Elle flambe tes cheveux avec une' allumette
J'apperçois une lumièr' tout en haut de ta tête
Tu te retourn' vers moi et me fais un clin d'oeil
Je souris sans savoir que tu sais que le deuil. 

***

Je marche derrièr' toi sans poser de questions
Comm' un petit garçon qui mange des bonbons
Je regarde ton dos comm' un grand horizon
Immuabl' et tranquille en toutes saisons.

Devant toi, il y a...
Devant toi, il y a...

Ell' cisaille tes os avec un crab' en feu
Et éclabouss’ un peu les murs de tes veines’ bleues
Tu te retourn' vers moi et me fais un clin d'oeil
Je souris sans savoir que tu atteins le seuil 

***

Je marche derrièr' toi sans poser de questions
Comm' un petit garçon qui mange des bonbons
Je regarde ton dos comm' un grand horizon
Immuabl' et tranquille en toutes saisons.

Devant toi, il y a...
Devant toi, il y a...

Elle décroche ton foie avec son fin flambeau
Je fix' une lumièr' qui coule sur ton dos
Tu te retourn' vers moi et tombes de ton poids
Je comprends et regarde' ce qu'il y a devant toi.

Devant toi, il y a...
Maintenant, je le sais.
Devant moi, il y a...
Maintenant, je me tais.

27 février 2007

LE RESTAURANT

Nous avons décidé d'aller au restaurant
Nous avons chacun mis nos plus jolis vêt'ments
On a pris un taxi, et on se tient la main
On marche dans la rue avec un mêm' entrain
Les tables sont collées les unes' contre les autres
On s'assoit en souriant en pensant l'un et l'autre

Nous ne serons jamais
Comm' ces couples muets
Ces vieux couples usés
Qui mangent sans parler

Tous les deux face’ à face’ on regarde la carte
On lit à haute voix les ingrédients des tartes,
des pizzas, des salad', des viandes, des poissons,
des desserts, des fromages et de toutes les boissons !
On attend le serveur pour discuter vraiment
On attend le serveur, tous les deux on le sait

Nous ne serons jamais
Comm' ces couples muets
Ces vieux couples usés
Qui mangent sans parler

Le serveur nous demand’ « Et vous avez choisi ? »
On lui répond que oui, on n’attendait que lui
Pour commencer vraiment à parler tous les deux
A rir’ comm’ deux complic’, à se manger des yeux
A se toucher la main à chaque confidence
A avoir tous les deux absolument confiance

Nous ne serons jamais
Comm' ces couples muets
Ces vieux couples usés
Qui mangent sans parler

On vient de terminer chacun notre belle entrée,
On n’a pas échangé, même une banalité,
On mâche en regardant, le visage figé,
On cherche une anecdot’, quelque chose de léger
N’importe quelle histoir’ pourrait faire l’affaire
Pourvu qu’on puisse dir’ tous les deux d’un air fier

Nous ne serons jamais
Comm' ces couples muets
Ces vieux couples usés
Qui mangent sans parler

Le serveur nous demand’ s’il nous manqu’ quelque chose
On fait Non de la tête. Il faudrait que l’on ose
Ouvrir en grand la bouche’ pour en sortir des sons,
Murmurer des parol’, être à l’unisson
Mais nos voix rest’nt bloquées, engluées en entier
Nos voisins nous regardent et ont l’air de penser

Nous ne serons jamais
Comm' ces couples muets
Ces vieux couples usés
Qui mangent sans parler

27 février 2007

LE TUTEUR

J'ouvr' ton courrier
J'ouvr' tes chéquiers
J'trie tes papiers
J'pay' tes loyers.

Je te conseille
Je te surveille
Je te pardonne
Je te raisonne. 

Moi ton tuteur,
Moi ton censeur

 Je négocie
Tu me supplies
Je te rexplique
Tu me répliques.

 Je te dis Non
Tu dis Pardon ?
Je répèt' Non
Tu dis Pauv' con.

 Moi ton tuteur,
Moi ton censeur.

Tu m'fais crier
Tu m'fais hurler
Tu m'fais pleurer
Tu m'fais douter.

Tu m'licencies
Tu m'congédies
Tu as d’mandé
A me changer. 

Moi ton tuteur,
Moi ton censeur.

 Le juge dit Oui
Tu dis Merci
C'était ton droit
Je sais papa.

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