Quand je dis rouge, tu entends bleu,Quand tu dis
Quand je dis rouge, tu
entends bleu,
Quand tu dis bleu, je
vois la mer,
Quand je dis mer, tu
vois ton père,
Quand tu dis père, je
comprends deux,
Quand je dis deux
t’entends Adieu…
T’as dis Adieu, je crie
Mon dieu !
Comm’ des gamins hauts comm’ trois pieds
Pour des histoir’ de pacotille
Qui roulent comm’ de petites billes
Sous notre lit ou sous la table
On les ramass’ d’un air aimable
Et on les met sous le nez de l’autre
En prenant de faux airs d’apôtre
« Je crois que cett’ bille est à toi. »
« Non mon trésor, elle est à toi. »
« Voyons chérie, cett’ bille est bleue ! »
« Non elle est roug’ ! Ouvre les yeux !»
Quand tu dis bleu, je
vois la mer,
Quand je dis mer, tu
vois ton père,
Quand tu dis père, je
comprends deux,
Quand je dis deux t’entends
Adieu…
T’as dis Adieu, je crie
Mon dieu !
De découper les cheveux en trois
Pour démontrer on ne sait quoi
A la recherch’ d’la moindre faille.
« Admets au moins qu’tu me trouves nul ! »
« Reconnais
qu’tu n’aim’ pas mon pull ! »
« Tu ne regardes
plus mes pieds ! »
« Tu ne m’embrass’ jamais le nez ! »
Quand on ne sait plus quoi trouver
On se couch’ chacun d’son côté
Tout près du bord, très loin du centre
Mêm’ si ça nous fait mal au ventre.
Avec de la vaisselle cassée.
On désencastre nos deux corps
Qui dans la nuit se serraient fort.
C’est étrange cette attraction
Des corps qui n’ font pas attention
Aux engueulades de la veille
Et qui s’enlaçent dans leur sommeil.
On reprend un sourire poli
Ni trop clinquant ni trop petit
On n’ veut pas qu’l’autre nous reproche
D’être distant, pas assez proche.
Quand tu dis bleu, je
vois la mer,
Quand je dis mer, tu
vois ton père,
Quand tu dis père, je
comprends deux,
Quand je dis deux
t’entends Adieu…
T’as dis Adieu, je crie
Mon dieu !
Pendant le petit déjeuner
Tout est courtois, froid et posé
« Pourrais-je avoir un peu de thé ? »
« Oui il suffit de demander. »
« Merci, merci. Très bon ce thé. »
On se regarde en chien de faillance
On n’ veut pas s’dir’ qu’on a de la chance
D’êtr’ tous les deux, d’êtr’ tous les deux...
On se regarde droit dans les yeux
Un irrésistible fou-rire
S’apprête soudain à surgir.
Le ciel est bleu, on
voit la mer
Seuls sous la plag’,
pour seul repèr’
Etr’ amoureux, là tous
les deux
A fair’ semblant de
dir’ Adieu
A fair’semblant de dir’
Adieu.